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DU TODE AU KARATE-DO

 

Okinawa (ce qui signifie une corde sur l’océan, à cause de sa forme) est l’île principale de l’archipel du Ryukyu au sud du Japon. C’est aussi le siège de 24 écoles et plus de 200 Dojo de karaté, parmis celles-ci 3 écoles très réputées : Shuri-Te, Naha-Te, Tomari-Te. De la ressortiront les écoles suivantes : celles de Chojun Miayagi fondateur du Gojo-Ryu, de Kenwa Mabuni père du Shito-Ryu, de Hironori Ohtsuka fondateur du Wado-Ryu, de Soshin Nagamine un des pères du style Shorin-Ryu (Matbsubayashi-Ryu) et de Gichin Funakoshi qui créa le Shotokan.


Et pourtant, l’histoire du Karaté n’est pas originaire de l’île. Cet « Art Martial » tire ces racines de la millénaire tradition de l’Art Martial Chinois. On a pour habitude de dire que c’est « DARUMA », s’apercevant que ses moines disciples n’arrivaient pas à suivre son enseignement, qui mit au point cette méthode de renforcement physique et mental par le combat.


Depuis le dixième siècle, la Chine et l’archipel de Ryu-Kyu entretiennent des rapports diplomatiques et commerciaux, surtout pour la production de souffre, car les Chinois s’en servent pour la poudre.


C’est surtout à partir de 1372 lorsque l’archipel dirigé par « Satto », fit allégence à la dynastie Chinoise Ming, et que des Maitres viennent habiter sur l’île, par exemple, Sensei Passai en 1380.


Puis en 1429, « Sho Hashi », originaire de Chuzan en Chine, parvient à unifier Okinawa et interdit le possession et le port d’armes quelles qu’elles soient, dans un but purement militaire; ainsi sa milice pouvait être réduite. D’ailleurs il est dit que Napoléon à qui on aurait appris cela n’en revint pas et dit « Qu’un peuple qui ne s’intéresse pas à la guerre, c’est incompréhensible », et pourtant cela était vrai.


A partir de cette instant l’Art Martial TODE apparu. Littéralement To signifie « Dynastie Tang » ou « Venant du continent Chinois », et DE est une contraction de « TE » qui signifie « Technique », donc TODE signifie en Okinawaïen, « Technique des Tang » ou « Technique du continent ».


Mais en 1609, l’archipel est envahi par les Japonnais (Le clan Satsuma originaire de Kyushu dirigé par Shimazu).
En réponse à cette invasion, le TODE est développé dans un but unique, LE COMBAT face à des Samouraïs protégés par des armures et armés de Katana. Le renforcement au makiwara est nécessaire face à ces soldats en armures et le secret des techniques aussi, l’enseignement ce fait la nuit.


Ainsi, certaines techniques du Karaté ont été développées dans un contexte bien particulier, par exemple les Tobi-Géri (Coup de pied sautés) étaient utilisés pour desarçonner un Samouraï, car un coup de pied, à l’époque ne dépasse jamais les cotes flottantes, au dessus cela est concideré comme innéficace et suicidaire.


C’est aussi durant cette période de répression qu’est né le KOBUDO, l’art du maniemment des armes paysannes, Fléau, baton (Bo), fourche, saï, etc…


Pratiquement aucun écrit n’a pu être retrouvé, car la transmission de la connaissance du savoir de Maitre à Elèves se faisait de manière orale, de plus à l’époque peu d’entre eux sont lettrés.


De plus un Maitre avait un élève (Deshi) interne (Uchi) et un élève externe (Soto). Le successeur officiel était le Soto-Deschi, et pourtant celui-ci n’est pas le détenteur de toutes les clés du savoir énergétique et thérapeutique contenu dans les KATA du Maitre. Ces secrets étaient détenus par le Uchi-Deshi (Disciple interne), d’où une perte de certain enseignement permettant de rééquilibrer les énergies et de récupérer après les entrainements qui peuvent parfois infliger des traumatismes à force de blocages et d’attaques trop durs. Sans ces méthodes qui consistent à rééquilibrer les points situés le long des méridiens d’acupuncture, des douleurs chroniques peuvent apparaitre. De nos jours certains Maitres cherchent cet enseignement perdu pour l’inclure à nouveau dans le Karaté-Do.


Parmi les premiers Maitres du TODE viennent s’inscrire un Maitre Chinois Kwang-Shang-Fu qui amena et enseigna la pratique des Kata dés 1761 et Sakugawa (1733-1815) qui fut l’élève de Maitre Peichin Takahara et Kwang-Shang-Fu. Avant leur venue, aucun Kata n’était enseigné, les techniques étaient toutes séparées les unes des autres et non regrouper sous forme de schéma de combat imaginaire.


De tout ceci sont nées sur l’île trois grandes écoles : Shori-Te, Naha-Te et Tomari-Te du nom des villages du sud de l’île, ou étaient situés les Dojo.


Suite à tous les bouleversements politiques et militaires entre le 17ème et le 19ème siècle, les écoles seront fermées puis réouvertes, plusieurs fois. On changera même son nom de TODE, qui était à consonnance Chinoise, en Karaté qui est plus Japonnais, suite à la récupération de l’archipel par le Japon. En Japonnais, Kara signifie « vide » et Te « la main », d’où : l’Art de la « Main vide ». On peut aussi lire Karaté avec les idéogrammes Chinois, le premier ce lit « Ku » qui signifie « Etat de vide » et Te « la Technique », ce qui pourrait se traduire par : « Art pour atteindre l’état de vide », ce sens est la signification interne « Uchi » du Karaté.

 

LE SHOTOKAN

Le père du Karaté Shotokan est Gichin FUNAKOSHI. Il est né en 1868 à Shuri au sein d’une famille de Samouraï peu aisée, de la classe des Shizoku , (la fortune n’est pas forcément liée au fait d’être Samourai). Dans le même temps le gouvernement Meiji voit le jour.


Gichin est un garçon peu robuste, il est né prématuré, de ce fait sa famille le choye. Pour des raisons inconnues son père « Gisu », qui avait utilisé toute la fortune de son propre père, « Gifuku », confie son fils à ses Grands parents maternels. Le grand père maternel de Gichin, qui est un érudit, aura, lui aussi une grande influence sur lui.


Comme beaucoup d’enfants de son âge Gichin pratique le Tégumi, une sorte de lutte où la règle est d’arriver à se dégager de la prise de plusieurs autres enfants qui vous immobilisent au sol. Gichin n’est pas très doué pour ce jeu, un peu à cause de sa faible constitution.


A l’âge de six ans, il est envoyé à l’école, c’est là qu’il entendra parler du Karaté-Do, par le fils d’un grand maître qui n’est autre que AZATO. Gichin fini par demander à son grand père la permission d’apprendre cet Art Martial. Son grand père aquiesce, car il pense que cela lui sera bénéfique. Azato accepte d’enseigner à Gichin, il est alors âgé de 13 ans.


Après plusieurs année Gichin décide de suivre des cours pour devenir médecin. Mais, il est obligé de falsifier sa date de naissance sur ses papiers, car il faut être né au moins en 1870 pour pouvoir suivre les cours; donc il choisi 1871, d’où une certaine confusion sur sa date de naissance. (Ceci est courant à cette période). Mais ceci n’est pas suffisant, car il sera refusé à cause de sa coiffure, étant donné que le gouvernement Meiji qui réforme le féodalisme, en a decidé ainsi.


Gichin embrasse alors les études littéraires grâce à sa connaissance du chinois, et réussit le concours de l’école normale. Pour cela, il a du se couper les cheveux, et à son retour chez ses parents ceux-ci n’approuvent pas du tout, car ils sont très traditionnalistes. Malgré tout, il enseigne, et fait une bonne carrière, tout en continuant son Art. Mais la vie est dure car son salaire n’est pas élève, et il a sa famille à sa charge, parents, beaux-parents, sa femme et 4 enfants.
A cette époque, aucun maitre ne vit de l’enseignement du Karaté, il faut souvent être de famille aisée pour pouvoir continuer à exercer. Gichin Funakoshi, s’éclipse chaque soir pour prendre les cours de son maitre Azato. Ceux-ci ce font dans sa cours à la lueur de lanternes, car il n’y a pas de dojo.


En ces temps, l’enseignement est très éprouvant physiquement et moralement. Les maitres demandent à leurs élèves de s’investir à fond sans relache, ni grimace. Sensei (Qui veux dire : « celui qui est devant ») Azato surplombait sa cours depuis son balcon, et prodigait ainsi son savoir, par le doute, la souffrance et la patience, comme pour lui.


Comme le veut la tradition, Gichin n’apprend que des Kata, car c’est l’essence et le fondement du karaté. Les kumités libres n’existent pas. Le pratiquant qui réalise un kata, ne combat pas d’ennemis virtuels mais lui même, cela ressemble à un rite pour atteindre une élévation spirituelle, par une meilleur connaissance de soi.


Sensei Azato fait répéter un unique Kata à Gichin, durant des heures, des jours, des mois, chaque soir le même, jusqu’à ce que le maitre estime que son disciple l’ai parfaitement assimilé et compris. Funakoshi écrira plus tard : « Cette répétition constante était épuisante, souvent exaspérante et à l’occasion humiliante ». Seule une grande volonté, une grande motivation, et un oubli de l’Ego peuvent permettre d’atteindre la maîtrise d’un Art Martial. Un des grands adages de Funakoshi plus tard sera « Hito Kata San Nen », ce qui signifiait « Trois années pour un Kata ». Il y a très peu de paroles entre les deux personnages, sauf pour parler théorie et philosophie des Art Martiaux. Le maitre montre et l’élève essaie de ressentir des sensations. Parfois le maitre est dur, pour faire comprendre à Gichin qu’il faut persévérer dans la voie et qu’il finira par ressentir telles ou telles techniques, tout cela sans jamais fléchir ou rechigner.


Quand le cours est fini Gichin épuisé prend sa lampe et retourne dans son foyer, mais auparavant, il échange souvent quelques mots sur sa famille.


C’est en 1922 que Gichin Funakoshi est choisi pour présenter le Karaté-Do à Tokyo au Japon. C’est un vrai succès, le public acclame sa représentation qui n’est rien d’autre qu’un Kata, mais il exprime tant de force, de conviction et d’énergie. A la suite de ceci il conquit le Japon, un grand Dojo est construit le « SHOTOKAN ». Ce nom est composé de deux mots : « KAN » qui désigne Dojo et « SHOTO » le pseudonyme de Funakoshi pour ses poèmes qui signifie « L’ondulation des pins sous le vent ».

ETYMOLOGIE DES KATA

  • TAIKYOKU: l’ultime action

  • TEN NO KATA: le kata de l’Univers

  • HEIAN (PINAN): la longue paix (Shodan, Nidan, Sandan, Yodan, Godan)

  • TEKKI: le cavalier de fer

  • BASSAI: traverser la forteresse (pour rompre un encerclement, il faut un mental capable de traverser un mur)

  • KANKU: en regardant le ciel

  • EMPI: l’hirondelle volante

  • HANGETSU: la demie lune

  • JION: terme ancien qui se retrouve fréquemment en littérature chinoise, référant à un célèbre temple bouddhique, le Jion-ji

  • JIIN: temple de l’amour de Bouddha

  • JITTE: les dix mains

  • GANGAKU: le héron sur le rocher

  • NIJUSHIHO: 24 pas

  • TEKKI SANDAN: le cavalier de fer

  • WANKAN: du nom de son créateur d’Okinawa

  • MEIKYO: nettoyer le miroir

  • SOCHIN: le grand silence

  • CHINTE: la main rare (ou la main chinoise)

  • UNSU: les nuages

  • GOJUSHIHO: 54 pas 
     

   A noter que lorsque.Gichin FUNAKOSHI vint au Japon en 1922 il n’apportait avec lui que 15 kata: les 5 Heian, les 3 Tekki, Bassaï Daï, Kanku Daï, Jion, Jitte, Empi, Hangestu et Gangaku.


LES 10 ELEMENTS D’UN KATA, d’après Masatoshi NAKAYAMA

  • YOI NO KISIN: l’attitude de l’esprit dans la préparation

  • INYO: l’actif et le passif

  • WAZA NO KANKYU: la vitesse d’un mouvement

  • CHIKARA NO KYOJAKU: la façon d’utiliser la force

  • KOKYU: la respiration

  • TAI NO SHINSHUKU: la position haute ou basse du corps

  • TYAKUGAN: le but recherché dans chaque mouvement

  • KIAI: le cri qui libére l’énergie

  • KEITAI NO HOJI: la position correcte

  • ZANSHIN: la vigilance d’esprit.

  

                                                      

  MAÎTRE GISHIN FUNAKOSHI

Aux origines du karaté

Le secret et les légendes qui entourent le développement des arts martiaux rendent difficile la reconstitution de l’histoire du Karaté. Le point commun de presque tous les arts martiaux, est qu’ils puisent leur origine dans le temple de Shaolin.
Légende ou réalité, vers le début du VIème siècle, un moine bouddhiste venu de l’Inde, du nom de Bodhidharma, arrive au monastère de Shaolin. Il initie ses disciples à des techniques respiratoires, et leur apprend des exercices destinés à s’endurcir ainsi qu’à se défendre lors de leurs fréquents voyages.


L’enseignement de Bodhidharma qui affirme que la vérité ultime ne saurait être atteinte sans le développement harmonieux du corps et de l’esprit, influença l’évolution ultérieure des arts martiaux. La légende raconte que plus tard, le temple Shaolin aurait été détruit dans un incendie, et que les moines survivants se seraient dispersés à travers la Chine, propageant leur art de combat sous le nom de Shaolin Su Kempo.


Durant la dynastie Ming, l’île d’Okinawa  passera sous la domination chinoise. Hasshi, nouveau roi de la dynastie locale. Sho, interdit toutes les armes sur l’île. Les insulaires n’ont d’autre défense que leurs techniques de combat locale, trois dans toute l’île : le Shuri-Te, le Naha-Te et le Tomari-Te, du nom des trois villes principales. Les contacts de plus en plus fréquents avec les commerçants et émissaires Chinois favorisent en parallèle l’art du poing (kempo) Chinois chez les habitants, et de nouvelles techniques se greffent aux styles de combat des trois régions de l’île. En 1609, Shimazu, seigneur féodal du clan de Satsuma, conquiert les Ryu-Kyu, dont Okinawa. Lui aussi y interdit les armes. Naha, la Capitale, est investie de samouraïs et de militaires.

Les habitants réagissent en s’entraînant avec une vigueur sans pareille à leur nouvelle forme de combat, résultant de la fusion des styles locaux et du kempo Chinois. C’est l’Okinawa-Te, ou le To-De.


C’est au cours de ce siècle que se produisit la véritable synthèse du  » Te  » local et des arts martiaux Chinois originaires du temple de Shaolin qui devait aboutir progressivement au  » To-de « ancêtre du Karaté actuel ».On s’entraîne en secret, la nuit, entre disciples de confiance.


L’enseignement de maître à disciple se fait oralement, et par l’intermédiaire des katas. Les pieds, les mains deviennent des armes redoutables; le karatéka doit parfois rivaliser contre le sabre. Chaque mouvement est systématisé afin d’atteindre son efficacité totale; aucun artifice n’est conservé, tout souci esthétique est retranché. Les méthodes de luxation, de renversement et de strangulation sont reléguées au rang secondaire. Seul le coup fatal est conservé, celui qui permet de vaincre à coup sûr l’adversaire. L’étape la plus importante pour le développement de cet art fut franchie au début du XXème siècle par le Maître Asato Itosu qui réussit à introduire le Karaté comme complément à l’éducation physique dans les écoles de l’île.

C’est Gichin Funakoshi, originaire de Shuri, qui importa le karaté d’Okinawa au Japon. Son enseignement est assez proche de celui que l’on dispensait à okinawa. Les transformations les plus flagrantes que l’on retrouve dans le Shotokan actuel sont dues à son fils Yoshitaka qui introduisit des exercices de combat et adapta la pratique du karaté à la tradition japonaise.

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